Publication
15/02/2023

Les Femmes Seniors face à l’âgisme : les conséquences humaines et économiques d’une absurdité

Quelques chiffres

Las, les derniers chiffres publiés par la DARES sur l’emploi des Femmes Seniors en France alarment fortement : les femmes âgées de 55 à 64 ans, ne sont que 50,9 % à être en emploi.

Et bien sûr, le sexisme ne s’arrêtant malheureusement pas là où commence l’âgisme (sic). Les difficultés face à l’emploi arrivent plus tôt pour les femmes que pour les hommes : 57 % des hommes de 55 ans sont en activité contre seulement 53 % des femmes … Et la durée d’inscription moyenne au chômage passé 50 ans est également supérieure chez les femmes (736 jours) que chez les hommes (685 jours).

Tout ceci donne en France l’un des plus faibles taux d’emploi des Femmes Seniors de la Zone Euro … Cela alors que les multiples réformes des retraites exigent que les femmes cotisent plus longtemps pour avoir une retraite à taux plein. Et sur ce marché du travail hostile, la position de celles qui ont déjà 60 ans est plus critique encore, puisque seuls 33% des français de cet âge ont un emploi.

Face à ces chiffres, le chemin semble considérable pour faire avancer la cause des femmes seniors au travail. Mais plusieurs niveaux d’actions sont possibles ! Tout d’abord, nous pouvons porter la lutte contre le sexisme en faisant connaître l’initiative interentreprise portée depuis 2008 par Accor, EY et l’Oréal « Stop au sexisme ordinaire en entreprise » #StOpE

Et aussi, individuellement et collectivement élever le débat et les discours en partageant autour de nous les contenus et les articles médiatisant les femmes de plus de 50 ans, célèbres et inconnues et leurs réussites.

Et puis, exercer une activité professionnelle à un poste d’encadrement peut être un levier très fort pour apporter sa pierre à l’édifice. 

 

Témoignage

 

Sur ce point, le témoignage de Marie-Christine Albini, qui vient d’intégrer l’hôtel Le Saint Rémy ***** au poste de Directrice d’Exploitation par l’intermédiaire de notre cabinet est très inspirant :

« Je souhaite à toute personne d’être accueillie pour ses compétences, et que la maturité soit vue comme un avantage pour l’entreprise »

Marie-Christine avait 52 ans lorsque la crise du Covid-19 sinistre son domaine professionnel : l’hôtellerie. Et c’est alors une réalité tout à fait nouvelle qui frappe celle qui n’employait jusqu’alors jamais ce terme de « senior » : arrivée à la cinquantaine, l’âge est un frein au recrutement, même lorsqu’on n’a connu qu’une carrière jusque-là en progression permanente.

Marie-Christine le raconte, il a été très difficile de devenir soi-même une statistique, elle en a d’abord ressenti du découragement et un profond désarroi. Et puis, elle a cherché de l’aide en faisant appel aux professionnels de l’emploi, et c’est cette dynamique qui l’a portée durant ses longs mois de recherche. Marie-Christine encourage grandement les personnes en recherche à s’adresser à l’APEC, et à solliciter des cabinets de recrutement. Et aussi à s’offrir les services d’une photographe professionnelle pour réaliser de belles photos pour le Cv et LinkedIn !

Et aujourd’hui, de retour à un poste qu’elle adore, Marie-Christine porte à son tour les valeurs essentielles qui l’ont aidée : l’entraide et la transmission d’expérience.  Lorsqu’elle recrute, elle se découvre ouvrant désormais plus facilement les portes à des femmes seniors, notamment pour la saison estivale.

Un pas d’importance serait certainement aussi de préférer nommer « Collaboratrices expérimentées » ces femmes au lieu de « seniors » …

 

Le paradoxe actuel

 

De plus, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes, on constate aujourd’hui combien le préjudice est grand pour les entreprises qui sacrifient l’expérience et la capacité à décrypter les enjeux avec recul, et qui se retrouvent dans l’ubuesque situation de devoir externaliser et recourir à des consultants externes … seniors !

Anne-Marie Guillemard confirme dans son Podcast « Travail en cours », qu’il est très inquiétant pour l’appareil productif français de ne plus avoir la possibilité de transmettre l’expérience aux juniors.

Ainsi, en finir avec le tabou de l’âge, et les préjugés passera par la coopération intergénérationnelle et la transmission. C’est ce qu’a aussi fort bien compris Danone, qui œuvre depuis une dizaine d’années maintenant avec son programme Octave à favoriser la coopération entre générations.

On le voit, pour le bien de la société en son entier, il est grand temps d’abandonner cette vision âgiste et sexiste du monde. Disons-le, répétons-le : l’âge n’est pas un facteur d’incompétence professionnelle ! Quelle entreprise gagne réellement à se passer de femmes qui ont une vision, de l’expérience et du recul, du sang-froid et une salutaire maîtrise de décryptage des enjeux ? Les compétences comportementales, les « soft skills » ne s’apprennent pas, elles s’acquièrent au fil de l’expérience : l’intelligence relationnelle, les capacités de communication, le caractère, les aptitudes interpersonnelles sont des Assets inestimables, c’est une évidence.

Et partout, les initiatives en faveur de l’emploi après 50 ans se multiplient, tels ces 10 engagements, lancés par l’Oréal et le club Dandoy. Les mentalités changent, individuellement comme collectivement, et nous pouvons tous faire beaucoup pour faire avancer la cause des cinquantenaires au travail.

 

Alors, n’ayons plus peur et mobilisons-nous contre ces préjugés délétères et contre-productifs ! Regardez la formidable conférence Ted d’Ashton Applewhite, plein d’une pêche communicative : « Mettons un terme à l’âgisme »

Elle le dit si bien : « Le vieillissement n’est pas un problème à régler ou une maladie à guérir, c’est un processus de vie naturel et puissant qui nous unit tous ».

Marie Christine Albini

« Je souhaite souligner par ce témoignage la qualité de l’accompagnement de Leaderia, illustré pour commencer par le temps […] »

Voir toutes nos offres d’emploi