Nouvelle ère RH : faut-il rebaptiser les ressources humaines ?
À l’instar de Laurence Vanhée, auteur de Happy RH, qui, en 2009, alors qu’elle est DRH de la Sécurité Sociale belge, opte pour le titre de Chief Happiness Officer (directrice du bonheur), de nombreux DRH suivent aujourd’hui le mouvement, et la fonction de C.H.O fleurit sur les profils LinkedIn. C’est le signe de l’importance grandissante du bien-être au travail, désormais considéré à juste titre comme un vecteur majeur de la performance de l’entreprise. La fonction des Ressources Humaines porte intrinsèquement la contradiction entre performance économique et performance sociale. Les RH vont-elles réconcilier ces deux dimensions souvent opposées l’une à l’autre. Une nouvelle ère s’annonce pour les RH ?
La nouvelle ère des RH
Un changement sémantique pourrait retranscrire ce nouvel épisode dans l’odyssée des Ressources Humaines. Sophie Coustaury, DRH chez Nespresso France, serait favorable au titre de directrice des talents humains, faute de mieux. À l’origine une fonction de Service du Personnel strictement opérationnelle, la fonction RH s’est largement développée dans les années 1970, avec une dimension fonctionnelle recouvrant notamment la formation et la gestion des carrières. Ce passage d’une fonction Personnel à une fonction Ressources Humaines trouve principalement son origine dans la crise économique, qui pousse les entreprises à revoir leur organisation, à travers une stratégie basée sur la maximisation des profits et une vision tout en chiffres (développement des ERP, standardisation des process et des postes).
Aujourd’hui, la donne a changé et les RH se transforment en profondeur avec des défis ambitieux : responsabilité sociétale, gestion des talents, santé, éthique. Depuis les années 2000, la convergence des technologies web, wifi, smart phones, travail collaboratif en mode Cloud, réseaux sociaux, et par ailleurs le contexte mondialisé et de crise économique, ont littéralement métamorphosé le monde du travail. L’individu fonctionne dans un monde connecté et changeant, dans lequel de nouvelles valeurs modifient l’organisation des entreprises. Ils sont captées à leur tour par les Ressources Humaines. Le modèle de carrière traditionnel n’est donc plus pertinent aujourd’hui, face à une organisation plus flexible, mouvante, dans laquelle la gestion des compétences et le maintien de l’employabilité sont des éléments essentiels. Les RH font face à une nouvelle ère, de nouveaux fonctionnements et de nouvelles attentes.
Les mutations du monde professionnel
Les Hommes sont donc pleins de Ressources… et la noblesse de la fonction RH est aujourd’hui d’accompagner ces bouleversements sociétaux et économiques en anticipant et en analysant les enjeux pour l’entreprise. Il est extrêmement compliqué, voire impossible d’attribuer une valeur économique à la fonction, c’est-à-dire par exemple de mesurer la performance économique d’un recrutement réussi. Il est par contre envisageable de mesurer l’apport fondamental de la fonction RH dans la gestion des talents, dans l’attractivité de l’entreprise en termes de recrutement, et au travers du taux d’engagement des salariés. La valeur humaine fait donc aujourd’hui partie intégrante de la performance stratégique de l’entreprise. Et cette valeur n’a pas de prix, d’où peut-être la difficulté d’un nom approprié… « Ressources Humaines », qui dit mieux ?
Sources :
Documentaire de Martin Meissonnier – Arte 24 Fev 20H50
LeMonde.fr : emploi article 30/01/2015 Liberte nouvelle cherie de l’entreprise.