Formations vertes et durables : le Clean Label à l’échelle européenne

Face à la complexité de l’écosystème Clean Label dans l’industrie agroalimentaire, il devient essentiel de cartographier les formations pertinentes (techniques, réglementaires, sociétales) pour accompagner cette transformation.  Dans nos missions d’executive search dans le secteur des PAI et des ingrédients, nous constatons souvent que cette thématique est un enjeu majeur avec les professionnels que nous accompagnons, qu’il s’agisse d’entreprises, les candidats et des cadres et directeurs que nous recrutons. Ce sujet concerne des branches métiers aussi différentes que les achats, la R&D, la qualité, le marketing…

Les piliers du Clean Label

Apparu en réponse aux crises alimentaires des années 1990-2000 et soutenu par les consommateurs, le concept de Clean Label repose sur trois principes fondamentaux :

• La naturalité : suppression des additifs perçus comme artificiels
• La transparence : la traçabilité des ingrédients et process
• La durabilité : l’impact environnemental et social

La mise en œuvre opérationnelle du Clean Label varie en fonction des choix réalisés par l’entreprise en matière de transformation alimentaire et de ceux de ses clients. Elle peut être stricte (suppression totale des additifs controversés), progressive (en fonction des contraintes technologiques) ou encore élargie (intégration de critères ESG).

Les principales compétences techniques du Clean Label

Mettre au point des produits alimentaires intermédiaires plus naturels, plus transparents et plus durables nécessite de maîtriser :

Reformulation et texturation

• Identification et remplacement des additifs critiques et remplacement par des alternatives naturelles
• Utilisation d’hydrocolloïdes naturels qui apportent dela texture aux produits alimentaires
• Maîtrise des protéines alternatives (végétales, insectes, culture cellulaire)
• Adaptation des processus de fabrication
• Optimisation des formulations (simulations complexes par réalité virtuelle, algorithmes prédictifs de textures, bases de données collaboratives)
• Compréhension de l’impact des ingrédients et procédés Clean Label sur les propriétés sensorielles

Stabilisation et conservation

• Maîtrise des technologies de substitution aux conservateurs synthétiques
• Mise en œuvre de techniques de bioprotection (fermentation, extraits végétaux)
• Maîtrise de technologies comme le HPP (haute pression pascalienne)

l’EMB (emballage modifié sous atmosphère) ou les solutions de packaging actif

Analyse et protection sensorielle

• Encapsulation de molécules naturelles pour préserver les qualités organoleptiques (goût, arôme)
• Stabilité des couleurs naturelles
• Analyse sensorielle pour évaluer la perception des consommateurs et l’acceptabilité des produits

Pour acquérir ces compétences techniques en Europe, des écoles d’ingénieurs agroalimentaires, des universités et des instituts proposent des cursus, des modules spécialisés ou des projets de recherche en formulation, innovation et développement durable.

On peut citer AgroParisTech, ISA Lille, ESA Angers, AgroCampus Ouest, UniLaSalle, Polytech Nantes, Purpan Université de Toulouse, l’Institut Agro de Dijon en France, mais aussi la Wageningen University & Research aux Pays-Bas, l’Université de Copenhague au Danemark, l’Université de Zagreb en Croatie, l’ATU en Irlande…

Une approche holistique pluridisciplinaire

Dans l’entreprise, le développement de produits Clean Label ne se limite pas à l’innovation et à la production. Il nécessite une approche globale et pluridisciplinaire (financière, logistique, environnementale, managériale) :

• Gestion des compromis technique et financier : coût/performance, naturalité/stabilité
• Analyse cycle de vie (ACV) des ingrédients pour déterminer leur impact environnemental
• Intégration supply chain : approvisionnement durable, logistique verte
• Management de projets Clean Label

Les profils diplômés ou formés à l’économie circulaire, à l’éco-conception ou développement durable jouent un rôle clé pour inscrire ces innovations clean label dans la stratégie RSE de l’entreprise.
Cependant, quel que soit le niveau de progression de l’entreprise dans sa démarche clean label, il y a toujours une constante à respecter : la réglementation en vigueur.

La formation réglementaire, un axe transversal

Tous les métiers liés au clean label dans l’entreprise  (R&D, production, qualité, hygiène et sécurité, packaging étiquetage, achat-vente, marketing et communication) doivent être en conformité avec un cadre législatif en évolution constante . Une veille législative et réglementaire active permet d’anticiper les risques juridiques, à l’échelle européenne comme nationale, en tenant compte des spécificités pays.

• Réglementations obligatoires :ex : règlement UE 1169/2011 relatif à l’information des consommateurs
• Loi AGEC encadrant les allégations environnementales (UE)
• Normes volontaires, comme le Nutri-Score
• Référentiels privés, comme les chartes distributeurs

Les ITA (instituts techniques agroalimentaires) comme l’ADRIA proposent des formations pratiques sur l’encadrement des green claims pour les communicants et l’application des  règlementations du clean label en Europe.

Certifications et écolabels européens pour les produits

Avec le Green Deal européen et son programme Farm to Fork (de la ferme à la fourchette) qui encourage une alimentation juste, saine et respectueuse de l’environnement, les certifications deviennent un levier stratégique pour les producteurs transformateurs qui s’engagent dans le clean label.

• Certification Anti Additive Clean Label Organization : un programme de certification Clean Label reconnu par l’UE pour des produits sans additifs synthétiques.
• Labels Bio et Non-OGM (Ecocert, Soil Association) : Modules spécialisés sur les normes biologiques et les alternatives aux ingrédients controversés

Le projet d’un Eco-Score européen harmonisé, mesurant l’empreinte carbone et la circularité, va également dans ce sens.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle montre le foisonnement de l’écosystème Clean Label européen d’un point de vue normatif.

Conclusion : Dans ce contexte technico-réglementaire en mouvement, la formation continue, les événements sectoriels et les organismes officiels restent des alliés précieux. Tous les acteurs de l’industrie agroalimentaire – achats, production, qualité, logistique, marketing – doivent s’approprier ces compétences pour inscrire leur entreprise dans une démarche Clean Label durable et compétitive.

Sources d’inspiration :

• https://polytech.univ-nantes.fr/en/academic-programs/international-masters/graduate-programme-green-factories-process-engineering-for-sustainable-valorisation-of-bioresourcespropres
• https://institut-agro-dijon.fr/formations/ingenieur-en-alimentation/sustainable-food-formulation-innovation-choice-of-ingredients-energy-nutrition-trade-challenges
• https://formations.univ-toulouse.fr/fr/les-formations/diplome-d-ingenieur-FI/formation-ingenieur-de-l-ecole-d-ingenieurs-de-purpan-ei-purpan-IBLXB36F.html
• https://www.pbf.unizg.hr/en/departments/department_for_general_programmes/laboratory_for_sustainable_development/sustainable_techniques_for_processing_of_food_and_agro_food_by_products
• https://www.atu.ie/courses/postgraduate-certificate-sustainable-food-systems
• https://www.wur.nl/en/research-results/research-institutes/social-economic-research/show-ser/first-steps-towards-european-eco-label-for-food.htm
• https://www.adria.tm.fr/
  https://www.adria-formationagroalimentaire.fr/nos-formations/
• https://www.anti-a.org/fr/certification
• https://www.ecolabelindex.com/ecolabels/?st=%3Bcategory%3Dfood%3Bregion%3Deurope