
Le mot tension est maintenant un mot tendance : tensions sur les matières premières, sur l’énergie, sur les achats et surtout sur le recrutement. Mais derrière ces tensions, se trouvent des solutions, qui nous permettent, en tant qu’entreprises, d’innover, de sortir de notre zone de confort, de nous challenger.
Quelles actions avez-vous mises en place afin de trouver des candidats aux postes les plus challengeants aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de métiers en tension sur beaucoup de secteurs : dans l’industrie agroalimentaire, dans la restauration, dans la RHF mais aussi dans la logistique (certains métiers pénibles comme les chauffeurs-livreurs ne trouvent pas de candidats), du fait des départs au moment de la crise sanitaire mais aussi d’une pyramide des âges élevée.
Au sein de La Martiniquaise, le recrutement est devenu long pour les postes de commerciaux de terrain ou au siège et sur les postes marketing. Nous cherchons des personnes avec des compétences techniques mais aussi de l’envie et de la motivation afin qu’elles restent fidèles à notre entreprise et à ses valeurs
Pour développer l’attractivité de notre entreprise, nous avons travaillé sur plusieurs points :
- Nous avons déjà pris conscience de l’importance de la communication et avons développé une meilleure organisation de ce service. Nous avons également mis en place une communication institutionnelle Groupe afin de véhiculer notre culture et nos métiers.
- Au niveau des RH, en interne, nous avons recruté des chargés de recrutement pour les métiers « débutants » comme les Chef de secteurs GMS ou les opérateurs de ligne.
Nous avons aussi des cabinets de recrutement qui publient des annonces et trient les candidatures pour les profils plus experts. Nous recherchons évidemment des compétences techniques mais aussi du tempérament : nous évoluons dans un univers convivial, les consommateurs doivent passer un bon moment autour de nos marques. Il important d’établir cet état d’esprit au sein des équipes marketing et commerciales afin que cela « transpire » dans nos stratégies.
Parfois nous faisons appel à des cabinets de recrutement pour nous accompagner sur ces problématiques. Pour certains métiers, il est indispensable que le cabinet ait une expertise de la culture de notre secteur et de notre entreprise. Nos clients RHF sont en perpétuelle évolution, et nous suivons ces évolutions. Nous attendons donc un cabinet qui fasse de même. D’où l’importance d’avoir des consultants en recrutement qui sont en immersion dans notre activité, comme Leaderia.
- Sur les réseaux sociaux (Instagram et LinkedIn), notre communication est très orientée vers les professionnels du secteur Hors Domicile, Cavistes et GMS. Mais nous avons aussi dans nos followers des étudiants et des actifs que nous pouvons séduire. Cela nous permet également de diffuser notre culture d’entreprise.
- Nous avons également créé un vivier de candidats qui regroupe nos anciens stagiaires. Ils forment un club et ont vocation à se réunir pour échanger de façon informelle sur différentes problématiques et cela nous permet de garder un lien avec eux.
- Enfin, nous avons modifié notre politique RH afin qu’elle soit plus agile et puisse s’adapter aux différentes générations présentes dans l’entreprise et celles à attirer.
On parle souvent de la Marque Employeur, pour vous, comment s’inscrit-elle dans le recrutement et la fidélisation des collaborateurs ?
A travers les différents canaux (réseaux sociaux, site, newsletters, etc.), nous nous organisons de façon « urbi et orbi ».
Pour nous, il est très important d’avoir un message qui donne un sentiment d’appartenance fort. Par exemple, les bulletins de salaire sont accompagnés par une newsletter sur les actualités du groupe avec une mise en lumière d’un métier et des témoignages de collaborateurs sur ce métier.
Le manager a aussi un rôle à jouer avec son équipe et les outils dont il dispose. L’écoute et l’échange sont les bases de la construction de la Marque Employeur. L’idée d’une hiérarchie top-to-down ne fonctionne plus (a-t-elle jamais fonctionné ?). La culture, qui fait la Marque Employeur, est un juste équilibre entre ce qu’apporte l’entreprise et ce qu’apportent les collaborateurs
Les missions des commerciaux, des acheteurs et des profils R&D sont aujourd’hui plus complexes, comment faites-vous pour améliorer leurs conditions de travail et leurs tâches ?
L’écoute, la compréhension et l’échange sont importants pour améliorer les conditions de travail et accompagner les équipes avec bienveillance. Mais la bienveillance c’est aussi la capacité à dire les choses quand c’est nécessaire, de la bonne façon et au bon moment. En tant que manager, je m’adapte à mon auditoire quand il s’agit d’échanger avec mes équipes. Le tout est d’avoir du bon sens. Il y a plus de 20 ans, mon premier manager m’avait dit : « Le management c’est 3 choses : du bon sens du bon sens et du bon sens ».
Le management, c’est avant tout des relations humaines, directement ou indirectement. Parfois on a une sensibilité naturelle, un talent, mais il faut bien savoir l’utiliser.
Le rôle du manager c’est aussi de détecter les failles, mais parfois cela est difficile. La sphère privée doit être respectée. Il faut savoir adopter la bonne une posture et ajuster la distance. Il faut donc faire attention à son environnement, écouter et observer son équipe pour prévenir d’éventuelles difficultés.
Avec mon équipe, nous sommes sur un plateau de 20 personnes, alors pour motiver et encourager les collaborateurs, on fête toutes les petites victoires du quotidien, 2 à 3 fois par semaine, avec des moments de partage comme des petits-déjeuners, des moments informels. Cela permet de partager des bons moments tous ensemble et de créer une ambiance conviviale, chère à notre entreprise. On a plaisir à découvrir ses équipes dans un moment de relâchement .
Enfin, après le bon sens, je pense qu’il est important de donner du sens à ses équipes, mais sans oublier que le travail n’est qu’une partie de la vie et pas toute la vie.
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